FIONA FAIVRE

     Série de 10 polaroïds encadrés, réalisés à partir des reproductions d’œuvres d’art présentes chez mon père.

     Le projet est né d’une observation : mon père s’est mis à collectionner des reproductions de toiles de grands maîtres qu’il a accrochées un peu partout dans la maison. Ce geste spontané m’a semblé à la fois attendrissant et révélateur. J’ai alors entrepris de photographier ces images dans leur contexte domestique, en utilisant le polaroïd — un médium immédiat et non maîtrisé — pour ajouter une strate supplémentaire à leur reproduction.

     Ce travail opère un renversement du regard : on ne contemple plus directement une œuvre de Klimt, mais une image d’une image accrochée au mur — un triple déplacement. L’œuvre originale est visible dans un musée, sa reproduction s’installe dans un salon, et ma propre documentation trouve aujourd’hui place dans un espace d’exposition. Ainsi se rejoue, en boucle, le cycle de visibilité et de légitimation des images artistiques.

     Au-delà de l’anecdote, cette installation interroge les formes de présence de l’art dans nos foyers, les hiérarchies implicites entre original et reproduction, et les circuits de diffusion des images. Elle questionne aussi la figure du collectionneur vernaculaire — ici, mon père — dont les choix échappent aux canons institutionnels, mais produisent pourtant, à leur manière, un geste curatorial

       
UNE PARMI D’AUTRES, 10 polaroïds 8,8x10,8 cm  encadrées en 18x24 cm, 2022. ©Fiona Faivre